Israël frappe l’Iran tous azimuts. Téhéran ripostera-t-il?

Israël a pris pour cible douze pétroliers et navires iraniens, dont plusieurs transportaient du pétrole vers la Syrie, en les endommageant sans toutefois les empêcher de poursuivre leur route et livrer leur cargaison la plupart du temps. Que cherche à faire Israël? Téhéran pourrait-il riposter? Si oui, de quelle manière?

Les services de sécurité indiens ont accusé l’Iran d’être derrière l’explosion qui n’a fait aucune victime à proximité de l’ambassade d’Israël à New Delhi en janvier dernier. Un « message manuscrit » a été retrouvé sur les lieux, qui revendiquait l’explosion en réponse à l’assassinat du major général Qassem Soleimani et du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh.

Israël a également annoncé qu’il avait envoyé une délégation de sécurité à Dubaï pour examiner le navire israélien Helios Ray, qui a subi plusieurs trous dans sa coque dus à une mine marine qui s’y était fixée magnétiquement alors qu’il naviguait de Dammam à Singapour le 26 février. Israël a accusé les forces iraniennes d’être à l’origine de l’explosion qui n’a fait aucune victime. Téhéran a nié toute responsabilité dans cet incident.

Israël a attaqué à plusieurs reprises l’Iran en Syrie depuis 2018, Tel-Aviv ayant revendiqué plus d’un millier de raids par la bouche de ses dirigeants militaires et politiques. En outre, Israël a annoncé la semaine dernière avoir ciblé au moins douze pétroliers iraniens et un navire transportant des marchandises naviguant en mer Méditerranée en direction de la Syrie depuis 2019. Le premier ministre Benjamin Netanyahou s’est dit prêt à frapper l’Iran n’importe où.

Cependant, les attaques d’Israël dans les eaux internationales sont dangereuses, car Netanyahou s’est mis dans une position difficile à soutenir. L’Iran a l’expérience des guerres de pétroliers et a saisi de nombreux navires, comme il l’a fait avec un navire britannique en représailles à la saisie par Londres d’un pétrolier iranien dans le détroit de Gibraltar. Au début de cette année, l’Iran a arrêté un navire coréen naviguant dans le détroit d’Ormuz sans déclarer explicitement que cet acte était directement lié aux 9,5 milliards de dollars que Séoul a saisis dans le cadre des sanctions américaines qui empêchent le retour des fonds iraniens sans l’approbation de Washington.

Plusieurs navires saoudiens, norvégiens et émiratis ont fait l’objet d’opérations de sabotage dans le détroit d’Ormuz depuis 2019. En outre, les USA ont décidé d’entreprendre le transfert des opérations du Commandement maritime central pour y inclure le port de Yanbu et les bases de Tabuk et Taif, parce que le détroit d’Ormuz est considéré comme un théâtre d’opérations hostiles et dangereuses, notamment en cas de guerre éventuelle avec l’Iran.

L’Iran a délibérément montré qu’il possède des missiles navals avancés – fabriqués par son industrie – et des bases souterraines de missiles et autres déployés dans le détroit d’Ormuz. L’Iran a également fait étalage de ses drones qui surveillent les navires de guerre américains et vaisseaux israéliens. C’est la méthode employée par l’Iran pour imposer la dissuasion et prouver qu’il contrôle le golfe Persique afin de « prévenir » le déclenchement d’une guerre possible. En montrant aux ennemis ce à quoi ils seraient confrontés sur le champ de bataille, l’Iran entend éviter une guerre éventuelle.

L’Iran s’est abstenu de répondre aux attaques de ses cargos par Israël récemment et au cours des deux dernières années pour plusieurs raisons. L’Iran voulait éviter d’être entraîné dans une bataille au calendrier imposé par Israël lorsque Donald Trump était au pouvoir. L’Iran croyait que l’ancien président des USA n’attendait qu’une occasion de frapper la « République islamique » et qu’il aurait soutenu Netanyahou avec toute la force de frappe des USA déjà présente au Moyen-Orient.

L’Iran a cependant procuré à ses alliés une arme qualitative qui perturbe l’équilibre des forces avec Israël et les troupes US basées au Moyen-Orient. En effet, le Corps des gardiens de la Révolution iranienne fournit à ses alliés les armes les plus perfectionnées qu’il fabrique sans en limiter la quantité, tant qu’elles servent ces alliés, en tenant compte du degré de difficulté auquel ces derniers sont confrontés et des capacités de l’ennemi. L’Iran réagit également ailleurs, comme au Yémen et en Irak. Cependant, il est rare qu’il réponde directement et en réaction à quelque chose, sauf exception, comme ce fut le cas après l’assassinat du commandant Qassem Soleimani l’an dernier, lorsque l’Iran a bombardé la base US d’Ain al-Assad en Irak.

Israël semble vouloir pousser l’Iran à une confrontation avec le nouveau président américain, Joe Biden, qui parle de revenir à l’accord sur le nucléaire dont Israël et ses alliés ne veulent pas. Si l’Iran répondait directement aux provocations, cela gâcherait toutes les possibilités d’un accord américano-iranien à venir. Par conséquent, l’Iran ne permettra pas à Israël d’entraîner le taureau américain sur le champ de bataille à ses côtés.L’Iran se soucie peu des attaques contre ses pétroliers en Méditerranée. Ce genre d’attaque israélienne peut provoquer des marées noires susceptibles de causer un désastre écologique sur les côtes israéliennes. Supposons qu’une attaque ait lieu hors des limites des eaux contrôlées par Israël. En pareil cas, le capitaine iranien aurait pour instruction de ramener son pétrolier dans les eaux territoriales opposées aux eaux contrôlées par Israël pour réparer son navire et boucher les trous causés par les mines israéliennes. Ce faisant, en sachant que la route du navire suit parallèlement les côtes de la Palestine occupée, les courants marins seraient suffisants pour créer une catastrophe environnementale qu’Israël subirait par sa propre faute. Israël a finalement compris le message iranien et a demandé la cessation des hostilités maritimes.

Les frappes israéliennes n’affectent plus les capacités de l’Axe de la Résistance, car l’Iran a cessé de livrer des armes en particulier, en construisant plutôt des fabriques locales pour tous les alliés. L’Iran a transféré son savoir-faire et a livré les matières premières nécessaires à la fabrication locale des missiles recherchés (de précision et autres). Par conséquent, en persistant à violer les lois maritimes, Israël court un grand risque, car cela pourrait permettre à l’Iran de recouvrer ses factures impayées. Les USA ne sont plus très appréciés au Moyen-Orient. Ils ont perdu leur position prestigieuse de partenaire fiable et s’opposent à l’Iran et à ses alliés, qui sont mieux préparés qu’auparavant à des attaques directes, voire dévastatrices, contre les forces US stationnées au Moyen-Orient.

Après la dernière attaque de la résistance irakienne contre les bases militaires de Balad et d’Ain al-Assad où sont déployées les forces US, le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a réagi en répétant la formule bien connue que l’Axe de la Résistance utilise depuis longtemps : « Nous frapperons quand nous le jugerons bon, au moment et à l’endroit de notre choix ». Les USA ont commencé à comprendre que ces attaques étaient orchestrées pour les entraîner vers un affrontement plus large et épuisant. Ainsi, l’Axe de la Résistance est plus prêt qu’avant à se lancer dans un conflit militaire visant à expulser les USA de l’Asie occidentale. Cette position déterminée, semble-t-il, aura des répercussions sur tous les alliés des USA, en particulier Israël, qui a un compte ouvert avec l’Axe de la Résistance, qui est impatient de réagir, mais qui attend le moment et le lieu propices pour régler ses comptes.

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