Al-Kadhemi doit s’attendre à un parcours semé d’embûches sur le plan intérieur et à la perspective d’un conflit Iran-USA en sol irakien
L’Irak entre dans une nouvelle phase périlleuse. Lorsque le premier ministre irakien Mustafa Al-Kadhemi s’est rendu à Washington, le président Donald Trump a déclaré que les forces US déployées en Irak ne partiraient pas avant trois ans. Le premier ministre se retrouve donc coincé entre de multiples conflits internes, régionaux et internationaux. Aucun homme d’État, aussi expérimenté soit-il, ne peut maîtriser une situation aussi dangereuse. D’autant plus que l’économie irakienne se trouve dans une situation catastrophique. L’Irak a besoin de dizaines de milliards de dollars par an que le gouvernement ne possède pas pour payer les salaires de millions d’employés, créer des possibilités d’emploi et entreprendre des travaux d’infrastructure afin de calmer la colère qui gronde dans la rue. Les gens attendent beaucoup de ce nouveau gouvernement, après les longues privations causées par les dirigeants politiques qui ont gouverné le pays en un peu moins de deux décennies.
Les mêmes leaders des partis politiques qui ont mal dirigé l’Irak pendant des décennies s’attendent à ce qu’Al-Kadhemi demande le retrait des USA et organise des élections législatives, rien de moins. Mais Al-Kadhemi ne peut livrer la marchandise, car il compte sur la communauté internationale pour soutenir son pays financièrement. Cette même communauté internationale s’attend à ce que Bagdad protège ses forces déployées en Irak et s’oppose à la résistance irakienne. Un équilibre impossible à maintenir, non pas parce qu’Al-Kadhemi est nouveau dans l’arène politique, mais parce qu’il ne peut demander une aide financière internationale tout en poussant les USA à se retirer de l’Irak. La question qui se pose alors est où va l’Irak?
L’Irak se dirige vers une escalade militaire graduelle entre la résistance irakienne soutenue par les principaux partis politiques et qui s’oppose aux forces US, et les forces de sécurité irakiennes sous le commandement d’Al-Kadhemi. Cela menace de créer une situation dangereuse et instable dans le pays.
Lors de sa rencontre avec Al-Kadhemi, le président Trump a déclaré qu’il ne se retirerait pas de l’Irak avant trois ans. Cette déclaration était sans doute une réponse aux propos de Sayyed Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution iranienne, lors de sa rencontre avec Al-Kadhemi quelques semaines auparavant. Sayyed Khamenei avait alors exigé que les USA quittent l’Irak comme prix à payer pour le sang du major général Qassem Soleimani, le commandant de la Force al-Qods, qui a été assassiné par un drone de Trump à l’aéroport de Bagdad. Soleimani était en mission officielle, comme l’a déclaré l’ancien premier ministre irakien Adel Abdul-Mahdi. Le drone américain a également tué le commandant des forces de sécurité irakiennes, Abu Mahdi Al-Muhandis, qui accompagnait Soleimani. Trump s’est d’ailleurs vanté de son double assassinat en le qualifiant de « deux du même coup ». On peut dire qu’en s’opposant à la majorité irakienne qui souhaite le retrait immédiat de ses troupes, Trump a voulu répondre à Sayyed Khamenei en exprimant sa volonté de rester en Irak, en opposition à la volonté de Téhéran. Cependant, Trump et son administration en place ne semblent pas s’apercevoir qu’ils se sont mis là où l’Iran souhaite qu’ils soient. …
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