Mahmoud Abbas et sa loyauté envers les intérêts américano-israéliens
Afin d’empêcher le Hamas de prendre l’ascendant politique sur l’Autorité palestinienne, Israël a répondu à l’appel américain visant à renforcer le pouvoir de Mahmoud Abbas en accordant des concessions aux Palestiniens. Le concept, que le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, a défendu haut et fort, est que l’amélioration de l’économie palestinienne réduira le ressentiment à l’égard de l’Autorité palestinienne, ce qui est supposé affaiblir le Hamas.
Sauf que les concessions ne devraient pas être des concessions du tout. Le fait que l’AP accepte des concessions plutôt que des droits en dit long sur sa position précaire et faible. Mahmoud Abbas n’est pas en mesure d’insister sur les droits politiques ; d’où l’habillage des concessions comme un gain pour le peuple palestinien, mais pas un mot sur la façon dont Israël peut rapidement imposer d’autres restrictions, ou revenir sur sa décision.
La dernière rencontre entre Abbas et Gantz a eu lieu au domicile de ce dernier à Tel Aviv.
Les concessions offertes aux Palestiniens s’inscrivent dans la continuité de celles proposées en juin : un prêt de 32,2 millions de dollars sur les recettes fiscales, et la légalisation du statut résidentiel de 9.500 Palestiniens et de leurs conjoints qui vivent en Cisjordanie occupée ou à Gaza sans les documents requis. Les responsables de l’AP recevront des laissez-passer VIP pour entrer en Israël sans s’arrêter aux postes de contrôle, tandis que 1.100 hommes d’affaires palestiniens recevront des laissez-passer commerciaux.
Tout le monde n’est pas aussi enthousiaste qu’Abbas. Des universitaires palestiniens ont critiqué cette première rencontre avec Gantz, assimilée au “deal du siècle” de l’ancien président américain Donald Trump. « C’est politiquement dérangeant, et cela peut profiter à l’Autorité sur le plan économique. Cela correspond davantage à la proposition de Kushner et Netanyahu, qui était appelée paix économique », avait déclaré le Dr Nasr Abdel Kareen.
L’analyste politique palestinien, Razi Nabulsi, a résumé succinctement la stratégie israélo-palestinienne. « Le Fatah s’est aujourd’hui transformé en une source légitime de présence de l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré. « La réunion nous montre que la Cisjordanie pour Gantz est une question de sécurité et qu’Abbas est à la tête de cette société de sécurité, ce n’est pas du tout une rencontre politique. »
La critique de Nabulsi est particulièrement pertinente si l’on considère la situation en Cisjordanie occupée après que les services de sécurité de l’AP ont tué l’activiste palestinien Nizar Banat, ce qui a entraîné des manifestations appelant à la démission d’Abbas. Cette lueur d’autonomie palestinienne – la rage spontanée et justifiée contre une entité qui retourne les services de sécurité contre les personnes qu’elle devrait protéger – a suffi pour qu’Israël change de tactique et décide d’aider Abbas à se maintenir. Abbas est un collaborateur important pour Israël et ce dernier n’a pas l’intention de perdre les échelons qu’il peut contrôler à Ramallah.
Nabulsi s’est également fait l’écho de préoccupations antérieures selon lesquelles les concessions économiques reviennent à mettre en œuvre l’”accord du siècle”. Ce qui soulève une fois de plus la question de savoir pourquoi Abbas était si désireux de prouver sa soumission au président américain Joe Biden ? Malgré toute la rhétorique grandiose de la résistance quand cela lui convient, les mots d’Abbas sonneront toujours creux et hypocrites.
Il n’y a pas une once de loyauté palestinienne en Abbas. Jouer avec la vie et le bien-être des Palestiniens – prétendre même qu’Israël recherche une quelconque forme de bien-être pour les Palestiniens, alors qu’il les assassine à Gaza, aux checkpoints ou à tout autre endroit sous prétexte de sécurité – fait qu’Abbas restera dans les mémoires comme une corruption sans précédent de la lutte palestinienne pour la libération.
Lorsque l’ère Trump s’est achevée, Abbas a été le premier à parler d’un retour au statu quo. Ce qu’il a omis de mentionner, en espérant que personne ne le remarquerait, c’est un statu quo aux nouvelles conditions que Biden veut clairement imposer.
Mahmoud Abbas et sa loyauté envers les intérêts américano-israéliens
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