Daesh réalise le rêve des Frères musulmans : le Califat-7

Nous achevons la publication de la partie du livre de Thierry Meyssan, « Sous nos yeux », consacrée aux Frères musulmans. Dans cet épisode, la Confrérie réalise avec Daesh son rêve de rétablir le Califat. Ce premier État terroriste parvient à fonctionner durant deux ans avec l’aide occidentale.

14— Daesh et le Califat

Au départ, les membres du Front Al-Nosra (Al-Qaïda en Syrie) sont des Syriens partis se battre en Irak après la chute de Bagdad, en 2003. Ils rentrent en Syrie pour participer à l’opération planifiée contre la République qui sera en définitive différée au mois de juillet 2012. Durant deux ans — jusqu’en 2005 —, ils ont bénéficié de l’aide de la Syrie qui les a laissés circuler librement pensant qu’ils combattaient l’envahisseur états-unien. Cependant, il est apparu clairement lorsque le général David Petraeus est arrivé en Irak que leur fonction réelle était de combattre les Irakiens chiites pour le plus grand plaisir des occupants. En avril 2013, l’Émirat islamique en Irak, dont ils sont issus, est réactivé sous le nom d’Émirat islamique en Irak et au Levant (ÉIIL). Les membres du Front Al-Nosra, qui se sont taillés de belles parts en Syrie, refusent alors de réintégrer leur maison mère.

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John McCain en Syrie occupée. Au premier plan à droite, on reconnaît le directeur de la Syrian Emergency Task Force. Dans l’embrasure de la porte, au centre, le porte-parole de Tempête du Nord (Al-Qaïda), Mohammad Nour. Les familles des otages libanais porteront plainte contre le « sénateur » pour complicité d’enlèvement. Celui-ci assurera qu’il ne connaît pas Nour. Il se serait infiltré sur cette photo officielle diffusée par son secrétariat parlementaire.

En mai 2013, une association sioniste états-unienne, la Syrian Emergency Task Force, organise le voyage du sénateur McCain en Syrie occupée. Il y rencontre divers criminels dont Mohammad Nour, porte-parole de la katiba (brigade) Tempête du Nord (Al-Qaïda), qui avait enlevé et détenait 11 pèlerins chiites libanais à Azaz. Une photographie diffusée par son service de presse le montre en grande discussion avec des leaders de l’armée syrienne libre, dont certains portent aussi l’étendard du Front Al-Nosra. Un doute surgit sur l’identité de l’un d’entre eux. J’écrirai par la suite qu’il s’agit du futur Calife de Daech ce que le secrétariat du sénateur démentira formellement [1]. Le même homme ayant servi de traducteur à des journalistes, le doute est permis. Le secrétariat affirmera que mon hypothèse est absurde, Daech ayant menacé de mort plusieurs fois le sénateur. Peu après, John McCain déclare à la télévision, sans peur de se contredire, connaître personnellement les dirigeants de Daech et être «  en contact permanent avec eux  ». Si le sénateur ne se fait aucune illusion sur les islamistes, il affiche avoir tiré les leçons du Vietnam et les soutenir contre le «  régime de Bachar  » par nécessité stratégique. Il avait donc, avant le début des événements en Syrie, organisé leur approvisionnement en armes depuis le Liban et choisi le village d’Ersal comme future base arrière des opérations. Durant ce déplacement en Syrie jihadiste, il évalue les conditions du futur fonctionnement de Daech.

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John McCain et l’état-major de l’Armée syrienne libre. Au premier plan à gauche, l’homme qui jouera plus tard le rôle du « Calife Ibrahim » de Daesh, avec lequel le sénateur est en train de discuter. Juste après, le brigadier général Salim Idriss (avec des lunettes). Le « Calife » est un acteur n’ayant jamais exercé de responsabilité. Selon John McCain, il ne s’agit pas du calife, mais d’une personne ressemblante. Cependant le sénateur admettra par la suite être « en contact permanent » avec Daesh.

En décembre 2013, la police et la Justice turques établissent que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan reçoit depuis plusieurs années en secret Yasin Al-Qadi, le banquier d’Al-Qaïda. Des photographies attestent qu’il est venu plusieurs fois en avion privé et a été accueilli après que l’on eut coupé les caméras de surveillance de l’aéroport. Al-Qadi était jadis (et est probablement toujours) un ami personnel de l’ancien vice-président états-unien Dick Cheney. Il n’a été radié de la liste des personnes recherchées par l’Onu que le 5 octobre 2012 et par le département US du Trésor le 26 novembre 2014, mais venait depuis bien plus longtemps rencontrer Erdogan. Il a reconnu avoir été responsable du financement de la Légion arabe de Ben Laden en Bosnie-Herzégovine (1991-95) et avoir financé le président Alija Izetbegovic. Selon le FBI, il aurait également joué un rôle central dans le financement des attentats contre les ambassades des États-Unis en Tanzanie et au Kenya (1998). Toujours selon le FBI, il aurait été propriétaire de la société d’informatique Ptech (désormais Go Agile), soupçonnée de jouer un rôle dans le terrorisme international.

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Les caméras de surveillance de l’aéroport d’Istanbul ont surpris Bilal Erdogan recevant le trésorier d’Al-Qaïda, Yasin el-Kadi.

Peu après, la police turque perquisitionne le siège de l’IHH et y interpelle Halis B., suspecté d’être le leader d’Al-Qaïda en Turquie, et Ibrahim S., commandant en second de l’organisation pour le Proche-Orient. Erdogan parvient à limoger les policiers et fait libérer les suspects.

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Sur la chaîne publique saoudienne Al-Arabiya, un officier de Daesh déclare que l’organisation est dirigée par le prince Abdul Rahman Al-Faiçal.

En janvier 2014, les États-Unis débutent un vaste programme de développement d’une organisation jihadiste dont le nom n’est pas communiqué. Trois camps d’entraînement sont installés en Turquie à Sanliurfa, Osmaniye et Karaman [2]. Des armes arrivent massivement à l’ÉIIL suscitant la convoitise d’Al-Nosra. Durant plusieurs mois, les deux groupes se livrent une guerre sans merci. La France et la Turquie, qui n’ont pas tout de suite compris ce qui se prépare, envoient au départ des munitions à Al-Nosra (Al-Qaïda) pour qu’il s’empare du magot de l’ÉIIL. L’Arabie saoudite revendique son leadership sur l’EIIL et fait savoir qu’il est désormais dirigé par le prince Abdul Rahman Al-Faiçal (frère de l’ambassadeur saoudien aux États-Unis et du ministre saoudien des Affaires étrangères).

Les choses se clarifient progressivement  : la Maison-Blanche convoque les chefs des services secrets d’Arabie saoudite, de Jordanie, du Qatar et de Turquie, le 18 février. La conseillère nationale de sécurité, Susan Rice, leur annonce que le prince Bandar ne parvient pas à recouvrer sa santé et qu’il sera remplacé par le prince Mohammed Ben Nayef pour superviser les jihadistes. Mais Nayef n’a pas d’autorité naturelle sur ces gens, ce qui aiguise les appétits des Turcs. Elle leur communique le nouvel organigramme de l’armée syrienne libre et les informe que Washington va leur confier une vaste opération secrète pour remodeler les frontières. Début mai, Abdelhakim Belhaj (ancien cadre d’Al-Qaïda, gouverneur militaire de Tripoli en Libye et fondateur de l’armée syrienne libre) se rend à Paris pour informer le gouvernement français des plans US/jihadistes et mettre fin à la guerre que la France livre à l’ÉIIL. Il est notamment reçu au Quai d’Orsay. Du 27 mai au 1er juin, plusieurs chefs jihadistes sont invités pour des consultations à Amman (Jordanie).

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Extrait du procès-verbal de la réunion présidée par la CIA à Amman, rédigé par les services de Renseignement turcs (document diffusé par le quotidien kurde « Özgür Gündem » du 6 juillet 2014).

Selon le procès-verbal de cette réunion, des combattants sunnites seront regroupés sous la bannière de l’ÉIIL. Ils recevront des armes ukrainiennes en grand nombre et des moyens de transport. Ils prendront le contrôle d’une vaste zone à cheval sur la Syrie et l’Irak, principalement du désert, et y proclameront un État indépendant. Leur mission est à la fois de couper la route Beyrouth/Damas/Bagdad/Téhéran et de faire sauter les frontières franco-britanniques de la Syrie et de l’Irak. L’ancien vice-président irakien, Ezzat Ibrahim Al-Douri, qui est le maître de l’Ordre des Nachqbandis dans son pays, annonce qu’il apporte 80 000 anciens soldats de l’armée de Saddam. La CIA confirme que 120 000 combattants des tribus sunnites d’Al-Anbar rejoindront l’ÉIIL dès son arrivée et lui donneront un armement lourd que le Pentagone acheminera sur place, officiellement pour l’armée irakienne. Masrour «  Jomaa  » Barzani, chef des services secrets du Gouvernement régional kurde d’Irak, obtient de pouvoir annexer les territoires disputés de Kirkouk lorsque l’ÉIIL annexera Al-Anbar. On ne comprend pas la signification de la présence de Mullah Krekar, qui purge une peine de prison en Norvège et qui est pourtant arrivé dans un avion spécial de l’Otan. En fait, il joue depuis plusieurs années un rôle important dans la préparation idéologique des islamistes à la proclamation du Califat. Mais cette question ne sera pas abordée durant la réunion.

Au même moment, à l’académie militaire de West Point, le président Barack Obama annonce la reprise de la «  guerre au terrorisme  » et l’affectation d’un budget annuel de 5 milliards de dollars. La Maison-Blanche déclarera ultérieurement que ce programme prévoit, entre autres, la formation de 5 400 « rebelles modérés » par an.

En juin, l’Émirat islamique lance une attaque d’abord en Irak, puis en Syrie et proclame un califat. Jusque là, Daech — c’est ainsi qu’on le nomme désormais d’après son acronyme arabe — était censé n’être formé que de quelques centaines de combattants, mais miraculeusement il dispose soudain de plusieurs centaines de milliers d’hommes. Les portes de l’Irak lui sont ouvertes par les anciens officiers de Saddam Hussein qui se vengent ainsi du gouvernement de Bagdad et par des officiers chiites qui émigrent alors aux États-Unis. Daech se saisit des armes de l’armée irakienne que le Pentagone vient tout juste de livrer, et des réserves de la Banque centrale de Mossoul. Simultanément et de manière coordonnée, le Gouvernement régional du Kurdistan annexe Kirkouk et annonce la tenue d’un référendum d’autodétermination. De manière à éviter que les jihadistes de groupes concurrents de l’Émirat islamique ne refluent en Turquie, Ankara ferme sa frontière avec la Syrie.

Dès son installation, Daech place des administrateurs civils formés à Fort Bragg (USA) et dont certains ont fait partie il y a peu de l’administration US de l’Irak. Instantanément, Daech dispose de l’administration d’un État au sens du State buildingde l’armée états-unienne. C’est évidemment une transformation complète pour ce qui n’était il y a quelques semaines encore qu’un groupuscule terroriste.

Presque tout a été prévu à l’avance. Ainsi, lorsque Daech prend les aéroports militaires irakiens, il dispose immédiatement de pilotes d’avion et d’hélicoptères aptes au combat. Il ne peut s’agir d’anciens pilotes de l’armée irakienne, la compétence étant réputée perdue après 6 mois d’interruption de vol. Mais les planificateurs n’ont pas fourni les équipes techniques nécessaires, de sorte qu’une partie de ce matériel ne pourra pas être utilisé.

Daech dispose d’un service de communication, qui semble surtout composé de spécialistes du MI6, aussi bien chargé d’éditer ses journaux que de mettre en scène la violence d’Allah. C’est un autre changement pour les jihadistes. Jusqu’ici, ils utilisaient la violence pour terroriser les populations. Désormais, ils vont la magnifier pour les choquer et les hypnotiser. Remarquablement filmées et esthétisées, leurs vidéos vont frapper les esprits et recruter les amateurs de snuff movies.

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John McCain et Abdelhakim Belhaj. Au moment où est prise cette photo Interpol recherche Belhaj comme l’émir de Daesh au Maghreb.

L’éclatant succès de Daech conduit les islamistes du monde entier à se tourner vers lui. Si Al-Qaïda était leur référence à l’époque d’Oussama Ben Laden et de ses sosies, le calife «  Ibrahim  » est leur nouvelle idole. Un à un, la majorité des groupes jihadistes dans le monde font allégeance à Daech. Le 23 février 2015, le procureur général d’Égypte, Hichem Baraket, adresse une note à Interpol affirmant qu’Abdelhakim Belhaj, gouverneur militaire de Tripoli, est le chef de Daech pour l’ensemble du Maghreb.

Daech exploite le pétrole irakien et syrien [3]. Le brut est transporté soit par le pipeline contrôlé par le Gouvernement régional kurde d’Irak, soit par les camions-citernes des sociétés Serii et Sam Otomotiv via les postes-frontières de Karkamıs, Akçakale, Cilvegözü et Öncüpınar. Une partie du brut est raffinée pour la consommation turque par Turkish Petroleum Refineries Co. (Tüpras) à Batman. Il est embarqué à Ceyhan, Mersin et Dortyol sur les bateaux de Palmali Shipping & Agency JSC, la compagnie du milliardaire turco-azéri Mubariz Gurbanoglu. La majorité du brut est transportée en Israël où il reçoit de faux certificats de provenance, puis en Europe (y compris en France, à Fos-sur-Mer où il est raffiné). Le reste est expédié directement en Ukraine. Ce dispositif est parfaitement connu des professionnels et évoqué lors du congrès mondial des compagnies pétrolières (15 au 19 juin à Moscou). Des orateurs assurent que l’Aramco (USA/Arabie saoudite) organise la distribution du pétrole de Daech en Europe, tandis qu’Exxon-Mobil (la société des Rockefeller qui règne sur le Qatar) écoule celui d’Al-Nosra [4]. Quelques mois plus tard, la représentante de l’Union européenne en Irak, l’ambassadrice Jana Hybaskova, confirmera, lors d’une audition devant le Parlement européen, que des États membres de l’Union subventionnent Daech en achetant son pétrole.

Dans un premier temps, le Conseil de sécurité de l’ONU ne parvient pas à dénoncer ce trafic, tout au plus son président rappelle-t-il l’interdiction de faire du commerce avec des organisations terroristes. Il faut attendre février 2015 pour que soit votée la résolution 2199. Mubariz Gurbanoglu se retire alors et vend plusieurs de ses navires (les Mecid Aslanov, Begim Aslanova, Poet Qabil, Armada Breeze et le Shovket Alekperova) à BMZ Group Denizcilik ve Insaat A.S., la compagnie maritime de Bilal Erdogan, fils du Président Recep Tayyip Erdogan, qui poursuit le trafic. Ce n’est qu’en novembre 2015, lors du sommet du G20 à Antalya, que Vladimir Poutine accuse la Turquie de violer la résolution de l’Onu et de commercialiser le pétrole de Daech. Face aux dénégations du président Erdogan, le chef des opérations de l’armée russe, le général Sergueï Rudskoy, rend public lors d’une conférence de presse des images satellitaires des 8 500 camions-citernes franchissant la frontière turque. Immédiatement l’aviation russe détruit les camions présents en Syrie, mais l’essentiel du trafic se poursuit via le Kurdistan irakien sous la responsabilité du président Massoud Barzani. Des travaux sont alors entrepris pour agrandir le terminal pétrolier «  Yumurtalik  » (relié à l’oléoduc turco-iraquien Kirkouk-Ceyhan), dont la capacité de stockage est passée à 1,7 million de tonnes.

Les camions-citernes appartiennent tous à une société ayant obtenu, sans appel d’offre, le monopole du transport du pétrole sur le territoire turc, Powertans. Elle est détenue par la très mystérieuse Grand Fortune Ventures, basée à Singapour, puis transférée aux îles Caïman. Derrière ce montage se cache, Çalik Holding, la compagnie de Berat Albayrak, le gendre du président Erdogan et son ministre de l’Énergie [5].

Le pétrole qui a transité par l’oléoduc kurde est identiquement vendu. Toutefois lorsque le gouvernement irakien dénonce à la fois la complicité des Barzani avec Daech et le vol des biens publics irakiens auquel ils procèdent ensemble, Ankara fait mine d’être surpris. Erdogan bloque alors les revenus des Kurdes irakiens sur un compte bancaire turc, en attendant qu’Erbil et Bagdad clarifient leurs positions. Bien sûr, cet argent étant prétendument bloqué, les revenus générés par ses placements ne sont pas déclarés au Budget turc, mais sont versés à l’AKP.

En septembre 2014, le calife purge les cadres de son organisation. Les officiers maghrébins en général et tunisiens en particulier sont accusés de désobéissance, condamnés à mort et exécutés. Ils sont remplacés par des Tchétchènes de Géorgie et des Ouïghours chinois. L’officier du Renseignement militaire géorgien, Tarkhan Batirashvili, devient le bras droit du calife sous le nom d’«  Abou Omar Al-Chichani  ». Innocemment, le ministre géorgien de la Défense et ancien chef du «  gouvernement abkhaze en exil  » (sic), Irakli Alassania, annonce s’apprêter à abriter des camps de formation pour les jihadistes syriens dans son pays.

Réagissant aux atrocités à grande échelle et à l’exécution de deux journalistes états-uniens, le président Obama annonce le 13 septembre la création d’une Coalition anti-Daech. Lors de la bataille de Kobané (Syrie), les avions de l’US Air Force font durer le plaisir en bombardant certains jours Daech et en lui parachutant des armes et des munitions les autres jours.

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Selon la presse états-unienne, le Français David Drugeon, officier des services secrets militaires français, était l’artificier de Daesh qui forma Mohammed Merah et les frères Kouachi. Le ministère français de la Défense dément l’avoir employé alors que la presse US maintient son assertion. Il est opportunément porté disparu depuis un bombardement allié.

La Coalition déclare mener une opération contre un certain groupe Khorasan d’Al-Qaïda en Syrie. Bien qu’il n’y ait aucune preuve de l’existence de ce groupe, la presse états-unienne affirme qu’il est dirigé par un artificier des services secrets français en mission, David Drugeon, ce que le ministère français de la Défense dément. Par la suite, la presse états-unienne affirme que Drugeon a formé pour le compte des services secrets français Mohammed Merah (responsable des attentats de Toulouse et Montauban en 2012) et les frères Kouachi (responsables de l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris en 2015).

Pour élargir ses ressources, Daech crée des taxes dans les territoires qu’il administre, rançonne des prisonniers, et trafique des antiquités. Cette dernière activité est supervisée par Abou Sayyaf Al-Iraqi. Les pièces volées sont acheminées à Gaziantep (Turquie). Elles sont soit directement expédiées aux collectionneurs qui les ont commandées par les sociétés Senocak Nakliyat, Devran Nakliyat, Karahan Nakliyat et Egemen Nakliyat, soit vendues au marché de Bakırcılar Çarsısı [6].

En outre, la mafia turque, dirigée par le Premier ministre Binali Yildirim, installe des usines de contrefaçon sur le territoire de l’Émirat islamique et inonde avec elles le monde occidental.

Enfin, lorsque le Président afghan Hamid Karzai quitte le pouvoir, il retire le transport de l’opium et de l’héroïne afghane aux Kosovars et en charge le Califat. Depuis de longues années, la famille du président afghan — notamment son frère Ahmed Wali Karzai jusqu’à son assassinat — règne sur le principal cartel de l’opium. Sous la protection des forces armées états-uniennes, l’Afghanistan produit 380 tonnes d’héroïne par an sur les 430 du marché mondial. Ce commerce aurait rapporté au clan Karzai 3 milliards de dollars en 2013. Daech est chargé de transporter les drogues en Europe via ses filiales africaines et asiatiques.

15— La liquidation de Daesh

Le 21 mai 2017, le président Donald Trump annonce à Riyad que les États-Unis renoncent à créer un « Sunnistan » (le Califat de Daesh) à cheval sur l’Iraq et la Syrie et cesseront de soutenir le terrorisme international. Il enjoint tous les États musulmans à faire de même. Ce discours a été soigneusement préparé avec le Pentagone et le prince Mohamed Ben Salmane, mais pas avec Londres. Tandis qu’obéissante, l’Arabie saoudite commence à démanteler le gigantesque dispositif d’appui aux Frères musulmans qu’elle a mis en place en soixante ans, le Royaume-Uni, le Qatar, la Turquie et la Malaisie refusent l’évolution US.

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De même qu’en Afghanistan, le MI6 avait renommé le « Front uni islamique pour le salut de l’Afghanistan » en « Alliance du Nord » afin d’obtenir le soutien de l’opinion publique occidentale pour ces « résistants face aux Talibans », de même le MI6 a renommé au Myanmar le « Mouvement pour la Foi » en « Armée de libération des Rohingyas de l’Arakan ». Dans les deux cas, il faut faire disparaître toute mention des Frères musulmans.

En août 2017, Londres lance l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan contre le gouvernement birman. Durant un mois, l’opinion publique internationale est abreuvée d’informations tronquées attribuant l’exode des Royinghas musulmans du Myanmar au Bengale aux exactions de l’armée bouddhiste birmane. Il s’agit de lancer la seconde phase de la guerre des civilisations : après l’attaque des musulmans contre les chrétiens, celle des bouddhistes contre les musulmans. Cependant l’opération est interrompue lorsque l’Arabie saoudite cesse son soutien à l’Armée du salut des Rohingyas, dont le siège était à La Mecque [7].

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Trois jours avant les attentats au Sri Lanka, le ministère saoudien des Affaire étrangères envoie un câble secret à son ambassade à Colombo. Il lui enjoint de confiner autant que possible tout son personnel pour trois jours et de lui interdire absolument de fréquenter les lieux qui seront détruits par les attentats (source : Alahed News).

En définitive, les États-Unis, l’Iran et l’Iraq chassent Daesh d’Iraq, tandis que la Syrie et la Russie le chassent de Syrie.

En définitive, une vaste opération est organisée par Daesh au Sri Lanka à l’occasion de la fête chrétienne de Pâques, le 21 avril 2019, tuant 258 personnes et en blessant 496.

La restauration du califat, imaginée en 1928 par Hassan el-Banna, avait été tentée par le président Anouar el-Sadate à son profit personnel ce qui lui coûta la vie. Elle a finalement été réalisée par Daesh, mais s’est soldée par un échec. La résistance des populations arabes a été trop forte et l’opposition du président Trump n’a pas permis de poursuivre l’expérience. Il n’est pas possible pour le moment de savoir si l’Émirat islamique avait mandat du Guide de se proclamer en Califat ou s’il a profité de son soutien occidental pour le faire. Quoi qu’il en soit, les jihadistes ne vont pas s’arrêter là.

https://www.voltairenet.org/article206729.html

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